PROJET IIABA
IIABA : Un projet pour faire progresser l’agriculture biologique en Afrique
Lancé le 28 février 2020 pour une durée de trois ans et demi, le projet Innovations institutionnelles de l’agriculture biologique en Afrique (IIABA) a pour objectif de soutenir le développement de l’agriculture biologique écologique sur le continent. Le projet est coordonné par le Réseau africain de l’agriculture biologique (AfrONet) et ses partenaires sont le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), l’Institut national de recherche sur l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE), le Tanzania Organic Agriculture Movement (TOAM), le National Organic Agriculture Movement of Uganda (NOGAMU), la Fédération interprofessionnelle marocaine du secteur biologique (FIMABIO) et le Réseau des initiatives agroécologiques au Maroc (RIAM).
Le CIRAD et l’INRAE travaillent étroitement pour faciliter l’émergence d’innovations institutionnelles pour le secteur biologique à travers le projet IIABA et ensuite déployer AfrONet pour domestiquer toutes ces innovations aux membres à l’échelle du continent. En attendant, diverses activités sont en place dans ces trois pays que sont le Maroc, l’Ouganda et la Tanzanie. L’idée est que pour encourager l’agriculture biologique, il ne suffit pas d’augmenter la production agricole biologique. Il est plutôt nécessaire de développer les institutions appropriées, que ce soit en termes de marchés, de certification de la qualité « biologique » des produits, et ou de politiques publiques. De 2020 à 2023, le CIRAD, l’INRAE, le TOAM, le NOGAMU et le RIAM, sous la supervision d’AfrONet, s’efforceront d’identifier les innovations institutionnelles dans ces trois domaines et de les promouvoir aux niveaux national et continental.
Le CIRAD et l’INRAE coordonnent la recherche-action pour le projet IIABA par le biais d’études et de tables rondes régulières, et utilisent la Tanzanie, l’Ouganda et le Maroc comme pays pilotes pour le projet. Bien que l’agriculture biologique se soit initialement développée en Afrique par le biais des marchés d’exportation pour répondre à la demande croissante des consommateurs du Nord, elle est de plus en plus reconnue dans le Sud comme un moyen d’assurer la sécurité alimentaire, la souveraineté et la nutrition. Elle est également de plus en plus intégrée dans les stratégies d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. En outre, il s’agit d’un enjeu majeur de santé publique : en effet, bien que l’utilisation d’intrants chimiques de synthèse comme les pesticides soit moins répandue en Afrique que dans d’autres régions du monde, ils sont néanmoins utilisés, et souvent de manière inappropriée et parfois dangereuse.
L’approche traditionnelle du développement du secteur biologique consiste principalement à
connecter les petits exploitants agricoles aux marchés internationaux. Si cette solution permet aux producteurs de vendre leurs produits biologiques à bon prix, elle les coupe néanmoins des marchés locaux et exclut les consommateurs africains de ces produits.
Afin de répondre à la demande croissante des consommateurs africains en produits sains et naturels, et de permettre une meilleure intégration de la filière biologique au niveau des territoires locaux, l’enjeu est de développer les marchés domestiques. En s’appuyant notamment sur la mise en place d’observatoires de marché, de tables rondes et de plateformes de dialogue entre producteurs et consommateurs, l’objectif est de contribuer à la construction de nouveaux modèles de marché plus équitables et inclusifs, adaptés à chaque contexte local. En fonction des demandes des partenaires et des acteurs locaux sur le terrain, le projet testera différentes combinaisons de solutions, qu’elles reposent sur des infrastructures physiques, des contrats entre acteurs impliquant potentiellement les pouvoirs publics, ou les possibilités offertes par les nouvelles technologies et les médias sociaux.
Outre les marchés, les systèmes de garantie de la qualité « biologique » sont essentiels à la
construction des filières : ils assurent la crédibilité de l’agriculture biologique en instaurant la
confiance entre producteurs et consommateurs. Pour l’exportation, les produits doivent être certifiés par une tierce partie, mais ce type de garantie est coûteux, souvent inabordable et trop difficile à gérer pour les petits producteurs. C’est pourquoi d’autres types de garanties de qualité biologique, mieux adaptés aux réalités sociales des petits exploitants, sont nécessaires et deviennent de plus en plus courants. C’est le cas des systèmes de garantie participatifs (SGP). Les SGP sont des systèmes de certification basés sur la participation active des acteurs concernés : Principalement les producteurs, mais aussi les consommateurs et les autres acteurs du secteur. Ensemble, ils élaborent des normes, des spécifications et des règles participatives pour inspecter les exploitations et délivrer la certification. Ces systèmes permettent non seulement de contrôler les pratiques biologiques, mais aussi de partager les connaissances et les meilleures pratiques entre les acteurs concernés, ce qui rend les SGP très diversifiés.
L’objectif du projet IIABA n’est pas de définir le SGP idéal, mais d’accompagner les acteurs dans le développement de ces systèmes innovants tout en améliorant les mécanismes ou les technologies en fonction de leurs besoins. A ce stade, le CIRAD a notamment développé un logiciel original pour
améliorer l’organisation des contrôles. Outre les marchés et les systèmes de garantie, le
développement du secteur biologique en Afrique nécessite également des politiques publiques prometteuses qui permettront de prendre des décisions politiques en faveur de l’agriculture biologique.
C’est pourquoi le projet IIABA préconise un dialogue multipartite et multisectoriel avec les décideurs politiques aux différents niveaux administratifs de chaque pays pour porter l’agriculture biologique vers de nouveaux sommets. Les pouvoirs publics peuvent soutenir le développement de l’agriculture biologique par la mise en œuvre d’une politique réglementaire spécifique au niveau national avant tout, mais aussi par d’autres mesures incitatives nationales.
Au niveau local, toutes sortes d’innovations sont susceptibles d’être soutenues, telles que le compost municipal, les marchés territoriaux, les foires biologiques, les accords d’approvisionnement pour la restauration collective, etc.
La recherche dans ces trois domaines d’innovation institutionnelle vise à développer des manuels et des outils spécifiques qui permettront non seulement à AfrONet au niveau continental mais aussi aux partenaires des trois pays de renforcer leurs capacités et d’encourager leurs initiatives en cours.
Financé par l’AFD, IIABA dispose d’un budget de 1,48 millions d’euros pour une période de trois ans et demi afin d’accélérer le développement de l’agriculture biologique en Afrique.




